lundi 21 avril 2008

variation 4. mythologie par pseudonymes 1

Mon cher Albin, voilà une petite histoire de vous-mêmes qu'il me semblait utile de préciser au lecteur.

Albin est venu au monde un jour de blog où les escargots sans queue ni tête ont laissé traîner leur bave à ceux des fils d’Albin qui regardent encore leur père. Albin est monté au ciel après les déboires schizophréniques où sa parenté imaginaire a convaincu sa descendance de tuer Albin pour prendre la place du père. Mais Albin, aussi futé que Cronos quand il tua Ouranos, savait que le fils irait tuer le père. Alors Albin nomma tous ses enfants Albin. Et pour qu’il n’y eût aucune distinction entre eux, afin que chacun restât à la place d’Albin, Albin ne leur donna aucun numéro. Il n’y avait pas d’Albin premier, pas d’Albin deuxième du nom, etc. Et comme si la descendance albienne ne suffisait pas, Madame Albin eut des quintuplés, ce qui rajouta une flopée d’Albin identiques les uns aux autres aux cinq garçons qui s’appelèrent déjà Albin, tous dotés du même prénom. L’appel était facile à faire pour Albin, car à chaque fois qu’Albin disait : « Albin » ? » Tout le monde répondait : « Albin ! ». Et le père posait la question d’Albin, et à chaque fois, tous les Albin répondaient par la même réponse, car nul ne pouvait savoir quand venait son tour. Albin n’avait donc plus de raison de craindre pour son nom puisque tous ses fils eurent le même, ce qui permit à Albin de se battre pour lui-même en n’ayant pas à se défendre des autres. Les Albin fils d’Albin ne virent donc aucune raison de conduire la mise à mort du père, puisqu’il n’y avait pas de succession à Albin que celle d’Albin, puisque les fils eurent le nom du père. Les fils ne voulurent donc pas se battre pour leur père qui pouvait dormir tranquille, heureux de s’appeler Albin. Mais un Albin eut tout de même une idée : celle de tuer tous les Albin concurrents et tuer ensuite le père pour prendre sa place et coucher, tel Œdipe, avec Madame Albin, pour pouvoir enfanter d’autres Albin. Albin n’y vit aucun problème. Il ne voyait même que des solutions à maintenir le nom d’Albin dans la lignée sacrée d’où il était né. Or les ordres d’Albin sont aussitôt dits aussitôt faits. Il n’y avait qu’Albin qui pouvait tuer Albin. Alors Albin tua tout le monde et redevint celui qu’il avait toujours été : Albin, dans toute la splendeur de sa jeunesse. Parce qu’il ne peut y avoir qu’un seul Albin qui refait chaque foi son histoire en la contant à son lecteur, qui s’appelle également Albin, si Albin est bel et bien en vie derrière ce patronyme qui le non-caractérise.
Mais Albin est la personnification de cela qui même à la raison, pour peu que l’on sache correctement s’appeler dans ce monde où Albin fait la loi. Et c’est ainsi que l’histoire d’Albin devint une nouvelle mythologie aux yeux du monde, qui pleurait de ne pas s’appeler Albin, car l’on avait déjà vu Pygmalion pleurer pour celle qu’il aimait, mais personne encore prier pour pouvoir s’appeler Albin. Et Albin trouva ici la condition de continuer son histoire pour les siècles à venir, car le prénom d’Albin invitait dès lors à une longue lignée issue de cette nouvelle identité civile.
On commençait déjà à entendre certains érudits remplacer les termes de « concept » ou de « schtroumpf » par celui d’ « Albin »… La révolution Albin était en marche.


Faites du mieux que vous pouvez avec votre doublement de personnalité.
Signé. Albin.


Le blog de Pseudonymes 1 :
L’ÊTRE-AU-BLOG, blog et réflexion de et sur l'être-au-monde.

1 commentaire:

christiane a dit…

C'est terrible cette histoire ! Quelle solitude adossée au vieux Cronos.
Le père, les autres pères, la grand-mère...
Des pas dans les cendres...du sang...des dévorations...
Douceur, mon regard...